Edito - 15/05/10

Normal 0 21 MicrosoftInternetExplorer4 /* Style Definitions */ table.MsoNormalTable {mso-style-name:"Tableau Normal"; mso-tstyle-rowband-size:0; mso-tstyle-colband-size:0; mso-style-noshow:yes; mso-style-parent:""; mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt; mso-para-margin:0cm; mso-para-margin-bottom:.0001pt; mso-pagination:widow-orphan; font-size:10.0pt; font-family:"Times New Roman";} Assises des DAC : ils tiennent debout !

Plus de 400 professionnels ont rejoint Toulouse les 6 et 7 mai pour les 2ème Assises des DAC (Directeurs des affaires culturelles des collectivités). Le résultat d’un beau et long travail des cinq associations organisatrices (1), avec le partenariat de l’Observatoire des politiques culturelles et le soutien du Ministère de la culture, du CNFPT et de trois collectivités territoriales, à savoir la Région Midi-Pyrénées, le Conseil général de la Haute-Garonne et la Ville de Toulouse.

Des Assises dédiées à René Rizzardo, récemment disparu. Un geste naturel, tant l’ancien directeur de l’Observatoire des politiques culturelles avait œuvré pour aider au développement des politiques culturelles territoriales et à celui des associations professionnelles ; et notamment des associations de DAC, ces observateurs privilégiés situés entre territoire institutionnel et territoire de projets, qui nourrissent la réflexion des élus et sont ainsi une plus-value pour la réalisation et la mise en œuvre des politiques culturelles.

La réforme territoriale, les capacités financières des collectivités, la nécessité des financements conjoints dans le domaine artistique et culturel, furent au cœur de cette manifestation qui réunissait les représentants des différents niveaux de collectivités et de l’Etat, représenté par Pierre Lungheretti,

conseiller du Ministre de la culture. Celui-ci, venu témoigner du souhait de son ministre de renouveler le partenariat avec les collectivités dans une vision « non uniformisante » adaptée aux spécificités de chacun d’entre eux (banlieues, rural…), annonça qu’une mission de réflexion  et de propositions venait d’être confiée à Jérôme Bouët. Pour Jany Rouger, représentant la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC), le Ministère doit notamment s'améliorer dans la co-construction des mesures qu'il prend, et donc aller au-delà de la pratique consistant à mettre au point des textes en ne consultant qu'au final.

Dans bien des cas, les collectivités ne peuvent agir que dans le cadre des financements conjoints (des exemples ont été donnés, l’auditorium de jazz de Marciac, le TNP de Villeurbanne…), qui en outre ont parfois la vertu d’annihiler les conservatismes ultra-locaux. Corinne Poulain, DAC du CG du Val-de-Marne, estime que la politique culturelle s’est construite sur des convictions a priori, sans que l’on puisse savoir à l’avance ce qui sera bon ou non. « Peut-être est-il temps de changer de posture, de partager les leadership et les hiérarchies entre les différents niveaux de collectivités : doit-on aller vers une segmentation des compétences ? », s’interroge-t-elle. Serge Regourd, professeur de droit public à l’Université des sciences sociales (Toulouse 1) estime que cette question du niveau pertinent d’administration territoriale reste un sujet tabou. En ce qui concerne la légitimité même du financement de la culture au niveau européen, il faut garder à l’esprit que la règle générale est la prohibition des aides des pouvoirs publics. Elle continue d’être aidée du fait de dérogations qui sont prorogées, et par exemple les aides publiques au cinéma restent en sursis. « Comment la culture ne serait-elle pas bousculée dans un univers où les logiques marchandes sont de plus en plus présentes ? », interroge Serge Regourd.

Alors, doit-on rester dans la plainte ? Emmanuel Constant, Vice-président délégué à la culture du CG de Seine Saint-Denis, refuse de classer les collectivités entre celles qui seraient conservatrices et déprimées et celles qui seraient innovantes et optimistes.  De son côté, pour Corinne Poulain, la pérennisation des politiques culturelles exige trois éléments : avoir la compétence, les moyens financiers,  et une volonté, celle de se doter d’un projet culturel au sein de la collectivité. Une bonne gouvernance territoriale peut faciliter le pilotage de la complexité (comme une modalité de travail à interroger), avec les acteurs culturels sur un territoire, mais aussi entre les acteurs culturels au sein d’un territoire

Jean Viard (2) demande avec humour qu’on prenne la mesure du temps qui change et qui s’allonge (« On manque de temps alors qu’on n’en a jamais eu autant ! ») et des évolutions hyper-rapides auxquelles nous sommes confrontés en terme de mobilité, de déplacements quotidiens, de croissance, d’immigration, de couple (cf. le nombre de célibataires), de démographie et de durée de vie (« les grands entrants dans la culture, ce sont les vieux ! »). Se demandant pourquoi notre pays est aussi pessimiste, il souhaite que l’on profite de la crise pour se régénérer, en prônant une société d’autonomie des individus qui doivent retrouver du désir…d’agir.

Les DAC ont ensuite travaillé sur cinq sujets : la culture et le développement durable (agendas 21 de la culture) ; les relations transfrontalières et interrégionales par la culture ; les impacts de la révolution numérique sur le service public de la culture ; les rapports public/privé, l’économie solidaire et le mécénat ; enfin la participation des habitants à la vie culturelle (autant de sujets qui seront repris dans la Lettre d’info du réseau culture sur territorial.fr).

Les DAC ont pu enfin échanger sur l’évolution de leur métier, ses valeurs (ils se sont dotés d’une Charte),  la nature des formations continues souhaitables (notamment avec les délégations du CNFPT et dans le cadre du Pôle de compétence Culture de l’ENACT de Nancy) , avant d’aborder l’organisation de leur profession, en repartant des fondamentaux :  une organisation nationale unique telle que le CLIDAC sous la forme d’une fédération semble aujourd’hui indispensable, non seulement pour faire entendre leur voix (être réactif), mais aussi pour réfléchir aux problématiques actuelles et insuffler des idées nouvelles, en relation avec les autres associations professionnelles (artistes, directeurs d’établissements artistiques et culturels, d’agences culturelles départementales et régionales).

Les DAC sont repartis de Toulouse remplis de courage et d’énergie, prêts à affronter les grands chantiers qui les attendent !

François Deschamps

(1)  Ass. des DAC des grandes villes et agglomérations ; Culture & Départements ; ADMP (Midi-Pyrénées), ASDAC et  CRAC d’Ile-de-France.

(2)   directeur de recherche au CEVIPOF, directeur des éditions de l’Aube

 

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