DanslecadredelaRencontrenationaleCollègeaucinémadu25novembre2011etenlienavecl’AssembléedesDépartementsdeFrance,CultureetDépartementsa produit uneenquêtesuccincte sur le dispositif, réaliséeauprèsdesDirecteur(trice)sdesAffairesCulturellesdesConseilsgénérauxentrele25octobreetle18novembre2011.
Un dispositif fortement établi …
33Départements métropolitains ontréponduauquestionnaire.Sanssurpriseetencorrélationavecl’étudeduCentreNationaldelaCinématographiede2009(1),quasimenttoussontinscritsdansledispositif(97%). 61%yontadhérédepuisplusde10ans(certainsensontmêmeslesterritoiresd’expérimentation)et33%l’intègrentdansleurPlanDépartementald’EducationArtistiqueetCulturel(PDEA). Il est vrai que les départements restants (67%) ne disposent pas pour la plupart de Plan Départemental d'Education Artistique et Culturellesignéavec les Drac et les Rectorats-Inspections académique (2).
UnseuldesConseilsgénérauxayantrépondunefaitpluspartidudispositifetcedepuis2010,enraisonàlafoisdesdifficultésfinancièresmajeuresqu’ilrencontre(causedéclenchante)quedeslimitesrencontrées(causestructurante) :« undispositifunpeuconso »auquels’estsubstituéd’autresactions« permettantdefaireperdurerdansledépartementdesprojetsd’éducationàl’image ».
… traduit par de conséquents financements départementaux
Lebudgetcumulédes33départementsayantrépondus’établità1 489319 €. Parextensionàlatotalitédes départementsengagésdansCollègeaucinémaen2009,lebudgettotalreprésenteraitalorsplusde4M€,cequifait des Conseils généraux les principaux financeursdel’opérationàplusde70%.
Commetoujourslesécartsentre départementssontimportants,de10 000 € à129 590 € (de1à13) et dépendent de leurrichessefiscale,dupoidsdeleursdépensesobligatoires,del’urbanisationetdunombred’habitants(3)etparvoiedeconséquencedunombredeleurscollégiens.
La moyenne budgétaire par département s’établità45131 €,quasisimilaireeneurosconstants au chiffre 2005 du CNC. Lamédiane (40 000 €) estproche,preuved’unefortecohérenceentreobjectifsassignés(généralisationàl’ensembledescollégiens)etmoyensconsacrésparchacundesdépartements.
Lalignebudgétairesollicitéeestmajoritairementlaculture(59%),suiviedel’éducationpour26%. Plussurprenant,alorsquel’implicationdes départementsestlargementcentréesurlesquestionsdemobilitéetdetransportsdesjeunes(emmenerlescollégiensaucinéma),lestransports,pourtantcompétenceobli-gatoire,sontpeumobilisés(9%).
Enfin,5départementsseulement(15%)affichentdeslignescroiséesettransversalesentreplusieursdirections avecunedominanteculture-éducation – transports.Uneinitiativequipourraitserévélerforteintéressantedansl’évolutiondudispositifauseindesdépartements,« enadoptantuneconceptionouverteetnonsectorielledelaculture,conformeàleurresponsabilitéàl’égarddesterritoires" (4).
Des points forts pour les Conseils généraux …
Lesoutienauxexploitants,notammentauxcinémasdeproximité,estl’élémentlepluscitécommesiCollègeaucinémaétaitavanttoutuneopérationéconomique,principequisemble,selonlescommentairesrecueillis,rejoindreceluiduCNC :« leCNC,danssesdirectionsetpasnécessairementauseindesservices,orientedeplusenplussondiscoursetsesactionssurladimensionéconomiquedudispositif" (5).LaconjonctiondudispositifaveclesautresactionsdelafilièrecinématographiqueportéesparcertainsConseilsgénéraux(bureauxetaideauxtournages,courtsmétrages,événementiels …)renforcentcette dimension économique et sociale (aide à l'emploi) : « le dispositif est coordonné par une association qui assure un travail d’exploitation, de diffusion, de production, et qui gère la Commission du Film; autant de passerelles dans le cadre de Collège au cinéma ».
Pour autant, les 2 éléments principaux qui ont prévalu à la naissance du dispositif demeurent. En terme culturel, il est souligné l’importance de l’éducation à l’image comme d’une meilleure connaissance d’un patrimoine cinématographique : « Partie intégrante de son action en faveur du 7ème art, ce dispositif est le pilier de l’Education à l’Image dans notre département».
En terme éducatif, la coopération avec l’Education nationale et les Collèges, au-delà de la seule gestion des équipements, est particulièrement mise en valeur : « Collègeaucinéma,c’estl’implicationde100%dessallesdecinémaet100%descollèges.C’estladécouverted’œuvresexigeantesavecuntravailinterdisciplinaireconséquent ;c’estaussiladécouverted’unlieusocial,lasalledecinéma.Celapermetégalementunréeléquilibraged’accèsàlaCulturedansundépartementrural … ».
… et des faiblesses clairement identifiées
Silesréponsesauxpointspositifsparaissentéquilibréesetenadéquationaveclesobjectifsduprogramme,lesfaiblessessont-ellesfortementstigmatisées.
Sil’onpouvaits’attendreàunemiseenexerguedesdifficultésfinancièresdesDépartements,directes(priseenchargedesbillets)etindirectes(augmentationexponentielledescoûtsdetransportsquireprésentaientdéjàen2005prèsde21%dubudgetglobal),lesfaiblessesprincipales,perçuesparlesDirecteur(trice)sdesConseilsgénéraux,semblentavanttoutrésiderauseindel’Educationnationaleets’exprimentparunedifficultéàmobiliserlesenseignants,leséquipesdedirectionvoire lesRectorats :« les contraintes sont de plus en plus fortes sur les équipes avec une marge de manœuvre faible et du découragement (…). L’opération repose sur les bonnes volontés, lesquelles risquent de s’épuiser. (…) Il est à craindre que le dispositif ne puisse perdurer quand les enseignants les plus motivés ne voudront plus en assurer les missions ».
Mais le« vrai« parentpauvredudispositif,c’estlefinancementdesformationspourlesprofesseurs »(…)« laquestiondesformationsdoitêtrerevue ;pourlemoment,certainsfilmsnesontplusprévusdanslaformation,cequiestgênant ;pourtantlesenseignantsnepeuventpassemobiliserpourallerà3formations ». Nombreusesontétélesremarquesnégativessurlaformationdesenseignants.Ilestvraiqueseul6%dubudgetdeCollègeau cinémaestconsacréàcedomaine (6) sanscompterlesbesoinsentempsdetravaillibéréoulanécessitédeconvaincrelesétablissements de s’inscriredanscedispositifaudétrimentprobablementd’autresactions.
En revanche, n’ont été mentionnés que peu comme faiblesses : les dossiers pédagogiques considérés comme de qualité (avec le regret du format papier), les évolutions technologiques qui ne doivent pas « empêcher les enfants d’assister à une vrai projection dans un véritable cinéma, préférable à une projection au sein du collège ou de salle polyvalente », enfin la gouvernance du dispositif, noté avant tout comme «un manque de lisibilité du département en terme de communication».
Synthèse et perspectives
Rappelonsd’abordquelesDépartementsinterrogéssoulignentàlaquasiunanimitélaqualitédudispositif.Preuveenest,tous y sont engagéset,pourbeaucoup,depuislongtemps :« avec le recul des 20 ans, on peut dire que Collège au cinéma est un dispositif qui a fait ses preuves et qui fonctionne bien auprès des établissements et entre les partenaires, (…). Un succès tant auprès des élèves que des enseignants (…). Le faire vivre à plus de 4 200 collégiens chaque année, c’est assurer une réelle mission de service public (…). Un dispositif de qualité, très apprécié des établissements, qu’il est essentiel de soutenir malgré les difficultés budgétaires rencontrées par les partenaires ».
Pour autant, nombreux sont ceux qui questionnent la mobilisation des équipes pédagogiques :
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D'abord, en raison d'une Education nationale démotivée voire exsangue : « Alerte sur les problèmes de moyens financiers et humains dans les établissements (…). Collège au cinéma repose uniquement sur des profs volontaires avec un turn-over assez important », et la nécessité pour pérenniser le dispositif de l’inscrire dans les projets d’établissement (« cette action devrait s’appuyer davantage sur les équipes de direction ») afin de mieux mobiliser les chefs d’établissements et les équipes administratives (« un désengagement en partie du côté des chefs d'établissement avec une rupture vis-à-vis des équipes pédagogiques») ;
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Ensuite à cause d'uneformationinsuffisante :« la formation devient de plus en plus difficile, alors qu’il y a d’autres offres culturelles pour les collèges (…) Les enseignants sont mobilisés pour le visionnage, mais ne disposent pas toujours des temps et moyens nécessaires» ;
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Enfin, par une attitude parfois consommatrice face à un dispositif bien rodé : « Une tendance à prendre ce dispositif à la carte par rapport au programme scolaire et non comme un dispositif culturel d'apprentissage, de développement de l'esprit critique et de construction du jeune ».
Les Directeur(trice)s Départementaux des Affaires culturelles laissent également percer leurs inquiétudes quant aux moyens (et choix) financiers de leurs Conseils généraux (7) :
- Cette préoccupation porte, d'une part, non seulement sur les difficultés financières des Départements mais aussi sur une tendance à se resserrersurleurscompétencesobligatoires,voiresurdesactionsplusdirectementlisibles :«Enfaisantlechoixdeprendretotalementenchargelesfraisetenfixantà40 000 € sadotationbudgétaireaudispositif,leCGlimitelenombredecollégiensbénéficiaires. Malheureusement,lecontextebudgétairenepermettrapasd’élargirlenombredebénéficiaires ».
- D’autrepart,nombreuxsontceuxquisoulignentuncoûtdetransport,desélèvescommedescopies,quinecessed’augmenteretunbudgetculturelquinepeutseréduireauseulfinancementdebusscolaires,notammentpourlesétablissementslespluséloignés: « la difficulté réside pour la collectivité dans le coût du transport des collégiens : la facture s'est accrue de près 20 000 euros en 3 ans, soit un coût multiplié par 3 en 10 ans (…). Le nombre d’établissement et surtout d’élèves est défini en fonction des moyens financiers mobilisables avec de plus en plus de difficultés à organiser les déplacements».
Enfin, et assez paradoxalement compte tenu de moyens financiers stagnants voire en régression, les Départements ont, pour beaucoup, choisi d’approfondir le dispositif : analyse filmique en ateliers, rencontre avec des professionnels du cinéma, approche « plus qualitative » d’éducation à l’image, projections de films documentaires, événementiels, créations de postes de médiateurs, pratiques techniques, ... ou qui souhaiteraient l’approfondir, comme un Pass culture afin que les jeunes puissent se fidéliser aux cinémas de proximité et non « à la sortie dans des multiplexes (y compris s’ils sont plus éloignés géographiquement de leur domicile) ».
Desvolontésquidémontrentquemalgrélesdifficultésrencontréesetlesincertitudesactuelles,le dispositif Collège au cinéma demeure une « bande amorce » de qualité,susceptibledegénérerdenouvellesactionsd’éducationàl’imageetd’approfondirlelienentrelesjeunesetlaculturecinématographique,notammentpourceuxquiensontlespluséloignés,afinquecedispositiflongtempsinnovantetvéritablementgénéralisépuissetrouverdenouvellesvoiesàdéfricher.
François Pouthier
SOURCES ET REMERCIEMENTS
1-Géographiedel’EducationauCinéma1989-2009etBilanCollègeaucinéma2005.www.cnc.fr/web/fr/college-au-cinema
3-MOULINIER(Pierre),DictionnairedespolitiquesculturellesdelaFrancedepuis1959,Larousse,Paris,2001 : « Onconstatedefortesdisparitésd’undépartementàl’autre,puisquelerapportentreleplusgénéreuxetleplusavaredesesdeniersestde1à10 »p.151
4 -PONGY(Mireille),L’interventiondesrégionsetdépartements,inSAEZ(Guy),Institutionsetviesculturelles,LaDocumentationfrançaise,Paris,2004,p55.
6-SourceCNC.BilanCollègeauCinéma2004/2005. www.cnc.fr/web/fr/college-au-cinema
7-Voirlesondageexpresssurlesbudgetsculturelsdépartementaux2010et2011.
RemerciementsauxConseilsgénérauxayantréponduàl’enquête :Aisne,AlpesdeHauteProvence,Ardèche,Aveyron,Calvados,Côtesd’Armor,Dordogne,Doubs,Drôme,Eure,Gironde,Hérault,Isère,Loire-Atlantique,Loiret,Lozère,Manche,Haute-Marne,SaôneetLoire,Mayenne,Moselle,Pyrénées-Atlantiques,Hautes-Pyrénées,Bas-Rhin,Haut-Rhin,Rhône,Sarthe,Savoie,Haute-Savoie,Seine-et-Marne,Tarn,HautsdeSeine,Val-de-Marne,AgenceCulturelled’Alsace.