Aménagement du territoire

Vers une territorialisation des politiques culturelles départementales ? Une enquête expresse de Culture et Départements

A la suite de la rencontre d'Arras de l’hiver 2013, consacrée aux recompositions territoriales françaises (lire le compte rendu des ateliers), Culture et Départements a mené à l’automne dernier une enquête expresse sur les processus de territorialisation mis en œuvre par les Départements dans le domaine culturel. L’enquête menée par Valérie Painthiaux, Directrice de Projet au Pôle des Réussites Citoyennes du Conseil général du Pas-de-Calais et administratrice de Culture et Départements a été publiée dans la Revue de l’Observatoire de cet hiver (télécharger l’article).

L'enquête fait apparaître qu’un processus de territorialisation de nos politiques culturelles départementales a bien débuté. Plus de la moitié des Départements ayant répondu l’ont en effet engagé, et ce de manière globale pour 21%, les Conseils généraux restants faisant état d’une territorialisation partielle ou nulle. Pour autant, cette démarche est encore bien limitée : seuls 1/3

disposent d’une délibération spécifique, peu évoquent une déconcentration d’agents et des changements organisationnels et aucun ne fait mention de nouveaux modes de gouvernance inter territoriaux, entre notamment le Conseil général et les Etablissements Publics de Coopération Intercommunale ; tout cela demeurant contraint par des réalités financières ne permettant au mieux que de redéployer des lignes existantes, au pire d’adapter des dispositifs déjà existants.

A l’inverse de la « décentralisation rampante » chère à René Rizzardo, la territorialisation des politiques culturelles départementales pourraient donc être considérée aujourd'hui comme "grimpante" mais avec des racines bien fragiles. Preuve en est que seuls un tiers des Départements mettent en œuvre des politiques discriminantes transformant égalité territoriale en équité territoriale et que les actions, dispositifs et programmes demeurent en grande partie descendants en utilisant des lignes budgétaires départementales existantes et peu partagées par d'autres collectivités, ou tout du moins, non négociées ou discutées.

Si la lecture publique suivie de près par les arts vivants (notamment l’éducation, les enseignements et les pratiques artistiques) est le segment de politiques publiques le plus à même d’engager une véritable territorialisation, l’enquête met en valeur que la collectivité départementale souhaite demeurer maîtresse de son espace territorial et ne se positionne que peu comme intercesseur et facilitatrice d'inter territorialité.

Cette nécessité de "déplacer les bornes" comme les réflexions que Culture et Départements a engagé le suggère (voir la Tribune de La Scène 2012 et télécharger l'article paru dans la Revue de l'Observatoire 2014), est pourtant, et encore plus en ce printemps, d’actualité. Pour cela, mieux articuler les actions départementales, créer les conditions de l’intersection entre politiques et collectivités publiques, reconnaître les personnes qui habitent nos territoires s’imposent dorénavant. Voilà qui oblige donc chacune de nos collectivités publiques françaises à « abdiquer de leur puissance » pour qu’une nouvelle intergouvernementalité puisse s’inventer.

François Pouthier