Culture & Départements

Edito - 30/01/10

Biennale du Spectacle vivant de Nantes : entre morosité et appel à l'imagination

Malgré les réelles difficultés qui vont continuer à toucher les acteurs du monde culturel ces prochaines années, la quatrième édition des BIS a reflété l'extraordinaire vitalité de l'activité culturelle dans notre pays et a fait le plein de la Cité des Congrès (9 850 professionnels y ont participé, dont plus d'un millier pour les Grands Débats).

Après des mois de flottement et dans la continuité de l'existant, Georges-François Hirsch a été nommé, malgré ses 65 ans, directeur de la nouvelle "Direction générale de la création artistique" du Ministère de la culture (DGCA), avec comme adjoint Christopher Miles. Lors des BIS de Nantes, il a

annoncé les premières nominations des Délégués sectoriels.

 

" Il nous faut en France un grand texte fondateur sur le spectacle vivant », a indiqué Georges-François Hirsch, en souhaitant un dialogue entre artistes et professionnels du secteur avec l'Etat, « qui ne peut décider seul et légiférer pour autrui ». Parmi les propositions en prolongement des Entretiens de Valois : la confortation des DRAC (la DRAC sera l'une des huit directions sous l'égide des Préfets de région), les conférences régionales du spectacle vivant, la réforme de la labellisation des établissements culturels et des comités d'experts en région, enfin l'évaluation des coûts des équipements pour« remanier la carte d'intervention de l'Etat ».

 


Lors du Grand Débat consacré au spectacle vivant face à la crise, il est apparu que les publics ne semblaient pas avoir déserté jusqu'à présent les salles de spectacle (la culture comme valeur-refuge ?), mais qu'en y regardant de plus près ils étaient davantage fidèles aux têtes d'affiche et aux évènementiels qu'aux découvertes, où là on observe un tassement de la fréquentation (notamment dans les SMAC), étant précisé que le maintien de prix bas est un facteur du maintien de la fréquentation. Nombre d'artistes ont par ailleurs du mal à boucler leurs financements et disposent de faibles revenus (le CNVa fait part de son plan 2009/2010 d'aide aux artistes). Le risque est donc de voir disparaitre la « classe moyenne » des artistes.

 

 

L'économiste Françoise Benhamou, concernant la justification de démocratisation culturelle, a rappelé d'une part que notre rapport à la culture était en France un rapport à la culture « cultivée », d'autre part que ce n'est pas parce qu'une salle est pleine qu'elle est remplie de gens de milieux sociaux différents.

 

Pour Florian Salazar-Martin (FNCC), la crise est aussi une crise de l'imaginaire, du vivre ensemble, il faut « tenir » et inventer en prenant de nouvelles initiatives et en renouvelant la forme de pensée et de travail, investir les autres secteurs de l'action publique, et associer populations et acteurs pour faire « autrement » de la politique culturelle.

 

Philippe Berthelot (UFISC) constate que l'offre prédomine toujours, et que la crise commence à provoquer des phénomènes d'individualisation voire d'angoisse chez les artistes, chacun s'imaginant malgré tout qu'il va pouvoir tirer son épingle du jeu.

 

Pascal Rogard (SACD) a regretté que l'on soit incapable de produire des chiffres dans le spectacle vivant, secteur où aucun auteur de ne peut vivre de ses œuvres du fait que les spectacles ne tournent pas assez, et qui n'intéresse pas les parlementaires à qui les intermittents font peur, ce qui explique l'absence de loi sur le sujet. A l'instar du compte de soutien du CNC dans le secteur du cinéma, il souhaiterait la création d'un outil qui permettrait aux artistes du spectacle vivant de ne pas dépendre seulement de l'Etat et des collectivités, tout en disant regretter le manque de transversalité entre le théâtre d'une part et les variétés et le cinéma d'autre part. Le PRODISS (producteurs) souhaite quant à lui un crédit d'impôt pour le milieu du spectacle vivant, relevant que 80% de la profession est composée de P.M.I.

 

François Le Pillouër (Syndeac), constatant qu'en regard des apports du Grenelle de l'environnement, les acteurs du spectacle vivant n'avaient rien obtenu des Entretiens de Valois, revendique que le secteur du spectacle vivant soit aidé par l'Etat au même titre que les restaurateurs l'ont été récemment (diminution de leur taux de TVA). Il continue donc de plaider pour une loi d'orientation, ainsi que pour un plan de relance et de développement.

 

Au final, on peut pointer deux tendances : ceux qui sont inquiets par les risques qui pèsent sur les financements publics de l'Etat et des collectivités (François Le Pillouër regrette à ce sujet que les associations d'élus soient trop timides sur le sujet), et ceux qui, sans rien ignorer de cela, en appellent aussi à l'effervescence des idées et prônent l'imagination au pouvoir.

 

François Deschamps

 

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